Tous les phares ont une histoire
Le phare fait de ce site un lieu incontournable pour tout visiteur de Tanger. En plus de son importance pour le commerce maritime international, de sa situation géographique faisant de lui le lieu de l’Afrique le plus proche de l’Europe, il a une importance historique, où mythe et réalité fusionnent dans l’imaginaire des générations.
Le phare Spartel, est un patrimoine national d’un intérêt international que les autorités marocaines veillent à préserver. Sur ses murs sont inscrits avec des lettres visibles, uniquement, pour l’œil des chercheurs, l’histoire des relations du Maroc avec les puissances coloniales, l’histoire du développement du commerce maritime et de la navigation avec ses tragédies et ses succès.
Chronologie
1704
Bataille durant la guerre de succession d’Espagne.
1782
Bataille entre les navires britanniques et les navires franco-espagnoles
1860
Naufrage de la frégate brésilienne (Dona Isabella)
1861
Lancement des travaux du Phare Cap Spartel
1863
Fin des travaux
1864
Allumage avec des lampes à huile
1865
Conclusion d’une convention avec 10 pays pour la PEC des frais de fonctionnement et de maintenance du phare
1892
Création d’un poste sémaphore au phare, qui envoyait des signaux visuels pour les bateaux pendant le jour
1905
Allumage au pétrole et création du fameux diaphone du Cap Spartel (Sirène antibrouillard)
1911
Naufrage du SS Delhi
1914
Augmentation de la puissance du phare de 6000 à 20000 bougies
1926
Restauration du bâtiment
1931
Augmentation de la puissance du phare à 300 000 bougies
1936
Bataille du Cap Spartel
1937
Un radiophare ajouté pour permettant la détermination de la position des navires
1950
Utilisation de l’énergie électrique au phare
1952
Installation d’une radio de transmission émetteur
1954
Installation d’un système sonore, utile en temps de brume
Batailles et naufrages
Le Cap Spartel, taillé à pic de tous les côtés et cerné de rochers constituait un lieu dangereux pour la navigation. Combien de bateaux, avaient –ils échoué dans ses eaux ? Et combien d’autres ont été sauvés grâce à sa signalisation ? Seule l’histoire peut le dire. Les anciens avaient toutes les raisons de le considérer comme « le cimetière » des bateaux.
Le Cap Spartel a été le témoin de naufrages et de batailles dont :
Guerre de succession d’Espagne 1704
Pendant la guerre de Succession d’Espagne, deux navires espagnols de 60 canons, le Porta Coeli et le Santa Teresa, ont été interceptés, au large du cap Spartel, le 23 mars 1704 par une escadre anglaise commandée par le vice-amiral Thomas Dilkes. Les deux navires de guerre espagnols étaient chargés de munitions et de fournitures militaires et étaient accompagnés d’un navire marchand de 24 canons, le San Nicolas. Après une bataille de sept heures, les deux navires de guerre sont capturés et en les conduisant à Lisbonne le Santa Teresa coule en route.
Batailles entre les navires britanniques et les navires franco-espagnols
Pendant la guerre de l’indépendance américaine le 20 octobre 1782, il y eut une bataille non concluante à environ 28 km au large de la côte entre les flottes britanniques et franco-espagnols sous le pilotage respectif des amiraux Richard Howe et Luis de Córdova y Córdova.
Pour les Britanniques, la bataille avait pour objectif le maintien des approvisionnements au rocher assiégé de Gibraltar ; alors que les Espagnols escomptaient récupérer Gibraltar et Minorque des mains des Britanniques, qui les possédaient depuis 1704.
Naufrage de la fregate « Dona Isabella »
En novembre 1860 le site Cap Spartel a été témoin du naufrage le plus tragique : celui de la frégate brésilienneportant le nom d’une princesse portugaise Dona Isabelle (1503-1539) de la dynastie des Aviz.
Ce naufrage a causé la mort d’environ 250 élèves officiers de la marine brésilienne.
Naufrage du SS DELHI
En décembre 1911, le SS Delhi, un navire à vapeur britannique de la Peninsular & Orient Line (P&O), s’est échoué au sud du Cap Spartel. Le navire, transportant une centaine de passagers s’est perdu dans le brouillard et ses canots de sauvetage ont été saccagés par les violentes vagues.
Parmi les passagers se trouvait Alexander Duff, 1er Duc de Fife, mort en Égypte quelques temps plus tard des suites de maladies engendrées par le naufrage, son épouse la Duchesse Louise et ses filles les princesses Alexandra et Maud. En plus des passagers, le navire transportait une marchandise évaluée à environ un million de livres sterling. Tous les passagers ont été secourus par des navires de guerre britanniques et français, excepté trois français qui ont péris en mer.
Le 23 février 1912, une enquête a été menée par Board of Trade sur le naufrage, cette enquête a révélé que le navire n’avait pas été navigué
correctement et que les cartes fournies étaient vielles de 5 ans et les directions de navigation étant de dix ans en retard.
Bataille du Cap Spartel
La bataille du Cap Spartel a eu lieu le 29 septembre 1936 pendant la guerre civile espagnole. Cet affrontement naval opposa deux navires de guerre nationalistes à deux autres du camp républicain.
Quelques jours avant la bataille, le gouvernement ordonna au gros de la flotte de méditerranée de gagner la mer Cantabrique afin de porter secours aux forces républicaines qui venaient d’être défaites à St-Sébastien à Irun et à Fontarrabie ne laissant que les destroyers Almirante Ferrandiz et Gravina pour assurer la protection du détroit de Gibraltar.
L'architecture du phare
En 1861 l’architecte français François Léonce Reynaud concepteur du phare lui donne une silhouette mauresque impressionnante par sa hauteur et sa verticalité tranchante avec l’horizontalité de la mer. Des ouvriers du chantier des Barges, qualifiés dans la construction des phares, parmi lesquels un appareilleur, Charlot, et un tailleur de pierres Merian, ont permis au côté d’une main d’œuvre locale à cet édifice de voir le jour malgré les conditions périlleuses.
L’édifice ainsi conçu se présente sous forme d’un minaret carré avec une base assez large. Sa hauteur dépasse les 30m, avec une galerie crénelée et une lanterne de 24m de hauteur.
Il dispose d’un escalier en colimaçon de 101 marches, avec des rampes en acajou, donnant accès à la lanterne du phare, qui abrite le système d’optique. Le 15 octobre 1864 la lumière du phare Cap Spartel a éclairé la voie des bateaux et la côte tangéroise
Les Gardiens du phare
Il est certain que le gardien du phare est chargé d’entretenir le phare, allumer et éteindre le feu, surveiller l’horizon et le scruter continuellement. Si la visibilité est mauvaise, il sonne la corne de brume. Un métier qui semble simple, mais qui est en fait important et difficile et l’exercer requiert des compétences personnelles particulières.
Important parce qu’il assure la sécurité à tous les navires qui défilent devant le phare, et sauve des passagers et des marins indépendamment de leur Nation, de leur couleur ou religion. Difficile, parce qu’un gardien de phare vit dans l’isolement total faisant fi comme le phare lui-même du temps et des aléas de la Météorologie.
Ces « veilleurs de l’infini », pièce maitresse de l’histoire du phare, doivent avoir un moral d’acier, un grand courage, une connaissance de la mer et un goût pour la solitude.